Long format : un répit qui déclenche une "stratégie de l'après"
Au sein de l'Habitat, quatre places d'accueil temporaire permettent aux familles de souffler ou encore de construire un projet d'hébergement. Philippe Lefebvre, père de Julien, raconte le parcours de la famille en lien avec l'accueil de répit, un déclencheur pour la mise en route d'un projet.
Depuis 1995, le Centre d’Accueil d’Urgence Spécialisé (CAUSe) dispose de 15 places pour une durée théoriquement limitée à 6 mois. Dans ce lieu où l’on favorise l’expérimentation et l’amorce d’un projet, 4 places d’accueil temporaire sont également proposées. Au sein de l’Habitat, les autres services peuvent être mobilisés au bénéfice des parcours de chacun. Des mises en situation ou expérimentations (stages de découverte, période d’immersion...) favorisent ainsi la définition des projets de vie. Avec l’enjeu de rendre les réponses plus fluides, l’Habitat souhaite aujourd’hui développer l’accueil modulable et séquentiel.
Soulager les familles et travailler un projet
De janvier à mars 2021, le CAUSe a accueilli 5 personnes pour des week-ends ou semaines pour soulager leurs familles. « En parallèle, l’équipe peut aider le résident et ses proches à travailler un projet d’hébergement », indique Véronique Mouflin, chef de service. Petit à petit, la répétition des accueils de répit donne confiance et permet aux parents « d’accepter que leur enfant vive sa vie d’adulte ».
En 2016, Julien Lefebvre, aujourd’hui âgé de 41 ans, est accueilli au CAUSe, d’abord quelques week-ends. La vie à la maison devient compliquée, les tensions s’accumulent et ses parents tirent la sonnette d’alarme. « On se débrouille, on supporte, se souvient Philippe Lefebvre, le père de Julien. On pense qu’on s’en sortira mais on en perd un peu la raison. »
"Retrouver une forme d'équilibre et un dialogue pour avancer dans une relation qui a du sens"
Lorsque l’accueil est proposé, les parents de Julien sont « à bout, fatigués, usés », dans une situation au bord de la rupture aggravée par des problèmes de santé. Les premiers week-ends leur permettent de souffler et d’y voir plus clair : « Cela nous a permis de réfléchir alors que nous étions dans le brouillard, n’avions plus le recul nécessaire. Ces week-ends que nous voyions arriver permettaient de libérer de l’énergie positive. En ayant plus de temps pour soi, on en a plus pour être à l’écoute de l’autre. » Petit à petit, les relations entre parents et enfant s’améliorent. « Nous avons retrouvé une forme d’équilibre et un dialogue qui nous ont permis d’avancer dans une relation qui a du sens. »
Une fois les batteries rechargées, la situation d’urgence passée, la famille peut travailler autour d’un projet, soutenue par l’équipe du CAUSe. L’accueil de répit donne alors une perspective pour la suite. « Cela a agi comme un déclencheur. Nous avons rapidement mis en place une stratégie de l’après. En fonction des souhaits d’indépendance de notre fils et en collaboration avec l’équipe, des objectifs ont été fixés. »
« Nous n’étions pas seuls »
En dehors du cercle familial, la construction d’un projet est facilitée. Les parents de Julien trouvent « un relais » et peuvent s’appuyer sur « la force des professionnels de terrain ». « Nous n’étions pas seuls. Nous avancions ensemble pour le bien de tous », résume Philippe Lefebvre qui souligne l’importance du collectif – faisant un parallèle avec la « communauté éducative » qui réunit, à l’école, personnels, parents et élèves – et, plus largement, de l’association pour « aiguiller les parents. » « Nous ne l’espérions pas comme cela mais cela va bien au-delà d’une pause. »
Apprentissage au long-cours
Pendant près de trois ans, Julien pousse la porte de la maison familiale pour des week-ends puis des semaines. Trois années nécessaires pour apprendre les règles de la collectivité, découvrir la vie sans ses parents, un apprentissage au long-cours. Toute la famille gagne en sérénité, chacun fait son chemin.
En 2019, alors qu’il devait aller au CAUSe pour un week-end, Julien est entré à la résidence Les Glycines. Ses parents l’amènent et repartent « l’âme en peine ». « Les choses sont allées vite. Cela nous a fait un peu froid dans le dos. Nous ne savions pas trop où nous allions… » Julien prend ses marques et le temps fait son effet. Un an après son installation à Fives, Julien a rejoint la résidence Gaston Collette, à Seclin, début 2021. Plus proche du site de l’Esat où il travaille, il retrouve des collègues avec lesquels il partage des activités.
L'accueil temporaire au CAUSe |
Retrouvez d'autres témoignages et articles dans le dossier du PBL 16 "accueil temporaire et répit: souffler et avancer"