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Alexis passe deux à trois week-ends par mois à la P’tite MAS, à Baisieux. Il a découvert l’accueil temporaire tôt, une « longue histoire » qui prépare mère et fils à une vie en internat complet. Voici le témoignage de sa maman, Laurence Czerniak.

Aujourd’hui âgé de 20 ans, Alexis Adamkiewicz avait 7 ans quand il a été accueilli pour la première fois à la Maison de Pierre, à Bouvelinghem. Situé à une vingtaine de kilomètres de Saint-Omer (62), l’établissement entièrement dédié à l’accueil temporaire accompagne entre 180 et 190 enfants et adultes chaque année, dès l’âge de 6 ans. « Je venais d’avoir Axel, son petit-frère, raconte Laurence Czerniak. Entre les réveils du bébé et ceux d’Alexis, les longues journées qui suivaient les nuits agitées, je ne dormais plus. Je n’étais plus là pour personne. » La jeune maman découvre la structure lors d’un échange avec l’assistante sociale de l’IME qui accompagnait alors Alexis. « Elle m’a dit : vous avez droit à 90 jours, il faut les prendre. » Alexis est alors accueilli en urgence. Un moment douloureux : « La première fois, c’était terrible. J’ai eu le sentiment de l’abandonner. Cela n’avait pourtant rien à voir. »

Beaucoup de parents crient au secours.

La Maison de Pierre est l’un des rares établissements à proposer l’accueil temporaire d’enfants en France. « Il y a peu de choses aujourd’hui, il n’y avait rien à l’époque. On doit estimer que les parents de jeunes enfants n’ont pas besoin de souffler… Beaucoup crient pourtant au secours. » Dans l’Audomarois, Laurence Czerniak croise une famille originaire de Nancy qui amène sa fille pour 3 semaines, faute d’avoir trouvé une solution plus proche de son domicile.

Anticiper le besoin de souffler

L’expérience est difficile mais permet à Laurence Czerniak de passer un cap et d’anticiper ensuite le besoin de souffler. « La démarche fait peur mais il faut pouvoir déposer un dossier de demande d’accueil temporaire avant d’en avoir besoin en urgence, faire ce travail avant d’être à bout. »

Après la Maison de Pierre, Alexis découvre le SATTED (Service d’accompagnement temporaire pour enfants et adolescents avec autisme ou troubles envahissants du développement), à Pont-à-Marcq, géré par l’association ASRL. Il est l’un des premiers à y être accueillis. « Alexis a essuyé quelques plâtres ! » sourit sa maman. A 18 ans, l’accueil s’arrête à Pont-à-Marcq. Laurence Czerniak doit alors refaire un dossier MDPH. « Tout recommencer, encore et encore… et s’accrocher ! »

Petit à petit, je voyais l'avenir d'Alexis se dessiner.

Depuis deux ans, Alexis passe deux à trois week-ends par mois à la P’tite MAS. La semaine, il est accompagné par l’IME La Fontinelle, à Annœulin. Alexis fréquente donc des établissements proposant un accueil temporaire depuis près de 14 ans, une « longue histoire » qui a permis à Laurence Czerniak de mieux préparer la vie d’adulte de son fils. « C’est un travail. J’ai pris conscience très tôt que la vie ne serait pas classique avec Alexis. Je me suis préparée à une coupure à long terme. Petit à petit, je voyais son avenir se dessiner. »

Une vie loin de la maison essentielle

Au SATTED puis à Baisieux, Alexis mène un travail de socialisation, devient plus indépendant. Il s’intègre facilement, se familiarise avec de nouveaux lieux, participe à des activités adaptées... Une vie loin de la maison essentielle pour le jeune homme : « Il a fait son propre chemin, va a la P’tite MAS sans problème, heureux. Quand nous arrivons, je n’existe plus, il est chez lui. C’est extrêmement rassurant. Ce que je mets en route aboutit. » Mère et fils sont sereins : « Je le sens bien donc je vais bien ! »

Entrer dans le monde des adultes

L’accueil temporaire fait également office de transition pour Alexis qui ne sera pas « propulsé » en internat sans savoir de quoi il s’agit. En semaine, Alexis vit dans une maison nommée Envol où se retrouvent des jeunes de 18 à 20 ans. A Baisieux, il entre « dans le monde des adultes », découvre un autre rythme. « Il a évolué, il est prêt et ne partira pas dans l’inconnu. »

En avril 2021, Alexis était inscrit sur les listes d’attente de plusieurs établissements. Faute de places en France, Laurence Czerniak monte également des dossiers pour des établissements belges.

Un accueil vital

« Les prises en charge sont lourdes pour Alexis qui me demande du temps, de la concentration, de l’énergie, 24 heures sur 24 ou presque. Aujourd’hui encore, Alexis se réveille plusieurs fois chaque nuit. Il a besoin de me voir. L’accueil temporaire est vital. Il me permet de retrouver son petit-frère, maintenant âgé de 13 ans et devenu autonome très vite. Nous en profitons pour faire ce que nous ne pouvons pas faire avec Alexis. Je peux accorder du temps à Axel… et à moi aussi. Je peux penser à moi, prendre du recul et dormir, tout simplement, avant de retrouver Alexis, reposée et bien. »

 


Retrouvez d'autres témoignages et initiatives en lien avec l'accueil temporaire et le répit dans le dossier de notre magazine PBL n°16


 

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