L’accompagnement de Christine Gavelle par Patricia Windels, auxiliaire de vie, va bien au-delà des repas et de l’entretien de la maison. Une relation de confiance qui aide Christine et son frère, André, à avancer. En mars 2021, rencontre avec Christine, André et Patricia.

Huit mois après leur première rencontre, Christine enlace Patricia, son auxiliaire de vie, et fait le signe à son frère, André, de partir vite pour rester seule avec elle. La Madeleinoise a noué des liens forts avec la professionnelle qui intervient à ses côtés, une heure par jour du lundi au samedi. Ce n’était pourtant pas gagné au départ : « Je n’arrive même pas à me souvenir de tous les auxiliaires de vie qui sont passés par ici, lâche André Gavelle. Et cela se passait mal à chaque fois. »

Entrée dans l'univers de Christine

Patricia Windels, salariée de Vitalliance, a le feeling avec sa « Titine ». « Je me suis intéressée à elle, ses centres d’intérêt, ses poupées – sa passion. Petit à petit, la confiance s’est installée. J’ai réussi à entrer dans son univers. Et puis elle a pu voir que je m’occupais bien de sa maman. » A 60 ans, Christine Gavelle n’a pas la parole mais parvient à se faire comprendre par des gestes et attitudes précis. Accompagnée par l’IME L’éveil, à Loos, puis par l’Esat Les Ateliers de Jemmapes, à Wambrechies, elle a arrêté de travailler il y a plus de 30 ans. Depuis, les journées passent entre dessins, télévision et soins pour les poupées qu’elle chérit.

Quand Patricia arrive, ma sœur me met dehors. Je peux souffler, je pars l'esprit tranquille.

André a contacté notre association début 2020, « perdu dans la paperasse ». Il a rencontré Marie Picavet, assistante sociale de la plateforme d’accompagnement et de répit des aidants. « Ma fée ! Son aide est précieuse. Au moindre coup de fil, elle est là. » La mère de Christine et André est alors hospitalisée. Elle décède en février dernier.

Répit

Très présent aux côtés de sa maman et de sa sœur, André passe de plus en plus de temps à La Madeleine. « Ma sœur, ce sont mes deux yeux », résume André avec émotion. « Je fais plusieurs allers-retours dans la journée depuis Haubourdin. J’en suis à 400 à 500 kilomètres par semaine. » Depuis que Patricia s’occupe de Christine, les visites ont été légèrement réduites mais les trajets sont surtout parcourus le cœur plus léger. « Ma sœur me met dehors. Je peux souffler, je pars l’esprit tranquille. »

Lorsque la mère de Christine et André décède, le bailleur de leur logement – qu’elles occupent depuis 1977 – demande à Christine de partir. « C’est un T5, trop grand pour une personne seule. J’ai envoyé un courrier pour que Christine reste dans sa maison le plus longtemps possible mais j’ai reçu un retour négatif. »

Première sortie depuis 6 ans

Marie Picavet propose alors à André de visiter une résidence autonomie pour personnes âgées à La Madeleine. Une démarche difficile, vécue avec un sentiment de culpabilité. « Elle a tout ici, tous ses repères… C’était dur... » Une visite est rapidement programmée. Christine franchit le pas de la porte d’entrée de sa maison pour la première fois en 6 ans. Patricia se joint au rendez-vous et Christine accepte de monter avec elle en voiture.

Deux appartements sont présentés, l’un meublé, l’autre non. A la surprise générale, la Madeleinoise investit les lieux et opte pour le logement vide. « Elle a vu qu’elle pourrait amener quelques meubles et ses affaires, ses poupées surtout, et qu’elle pourrait cuisiner. » Un grand pas en avant pour Christine et son frère… facilité par la confiance entretenue entre Christine et Patricia. « J’ai réussi à la convaincre d’entrer dans le bâtiment », se souvient l’auxiliaire de vie, que Christine n’a pas quitté d’une semelle pendant la visite.

Une vocation

Ancienne secrétaire juridique, Patricia a trouvé sa vocation : « J’ai découvert le métier d’auxiliaire de vie en m’occupant de mes parents. Je me suis aperçue que les personnes âgées n’étaient pas assez aidées. J’ai de l’empathie et j’aime m’occuper des autres. C’est enrichissant et extrêmement valorisant qu’une personne ait confiance en vous. »

Avec Patricia et personne d’autre, Christine projetait en mars 2021 de se rendre au cimetière. Lorsqu’elle rejoindra son nouvel appartement, l’auxiliaire de vie continuera tant que possible à intervenir auprès d’elle.

Article extrait du magazine PBL n°16 (dossier répit et accueil temporaire : des solutions pour souffler et avancer)