Onze habitants de Fives et Hellemmes participent depuis septembre 2018 aux ateliers de Poésie locale, un projet culturel qui permet aux participants d’aller à la rencontre de leur quartier. La moitié des participants sont travailleurs de l'Esat Ateliers Malécot de Lille-Fives.

Mohamed, Laurent, Pascale, Marion et tous les autres ont participé à la même déambulation dans Fives. Pourtant, ce jeudi d'octobre 2018, aucun poème baladé ne ressemble à un autre. Laurent a remarqué les lumières éteintes, l’immeuble haut ou encore le supermarché où il n’ira pas parce qu’il n’y a pas de cafétéria. Christelle a quant à elle inventé la « couleur train, tout moisi » et remarqué « les feuilles qui tombent jaunes ». L’expression est poétique. Normal : ce jeudi matin, à la médiathèque de Fives, c’est un atelier d’écriture poétique qui réunit onze habitants de Fives et Hellemmes engagés dans le projet Poésie locale, dont une moitié de travailleurs de l’Esat de Fives. « Nous sommes allés dans les mêmes endroits mais n’avons pas vu les mêmes choses, les mêmes couleurs ni interprété ce que nous avons vu de la même manière », souligne Amandine Dhée, auteur en charge de l’animation de l’atelier.

Un an après Art à Fives – projet basé également sur la rencontre entre travailleurs et autres habitants du quartier  – Mathieu Boudeulle, éducateur spécialisé de l'Esat de Lille-Fives, a monté ce projet artistique collectif. « De nombreux travailleurs ont besoin de s’exprimer, de prendre confiance et peuvent se saisir de l’art comme nouveau moyen de communiquer. »

Une exposition l'été prochain

Les créations seront exposées au début de l’été et un recueil regroupant des poèmes, illustrations et textes en FALC (facile à lire et à comprendre) sera édité. Après huit ateliers d’écriture poétique, les participants sont engagés dans un cycle de quatre ateliers photo. Cinq ateliers d’arts plastiques suivront. En parallèle, des visites culturelles sont proposées aux participants, comme par exemple à la galerie Lasécu – espace d'art contemporain – toujours dans le quartier de Fives.

« On écoute les sons des voitures, ceux des oiseaux. On écrit et on se rencontre. »

Mohamed Boumedane, travailleur de l'Esat, résume le projet : « On écoute les sons des voitures, ceux des oiseaux. On écrit et on se rencontre. » « Un peu ému » par la découverte des œuvres à la galerie Lasécu, en octobre, Damien Dejonghe attendait les ateliers photos avec impatience : « J’aime faire connaissance avec les autres mais j’ai toujours aimé faire de la photo alors j’ai hâte. » Pascale Pringarbe apprécie ces moments hors du temps : « Les ateliers me détendent. On sort du quotidien et cela donne des idées. Tout cela restera marqué dans nos mémoires. »

Dans un contexte professionnel, Marion Subtil était intervenue auprès de travailleurs de l’Esat de Lille-Fives pour des ateliers cuisine. Cette habitante d’Hellemmes redécouvre certains travailleurs. « J’apprends à les écouter et je suis souvent surprise par leur approche. Je suis parfois terre-à-terre, embourbée dans le quotidien et le réel. Eux réussissent à garder cette capacité à imaginer, à rêver. »

A gauche, lors de la visite de la galerie Lasécu. A droite, à la médiathèque de Fives lors d'un atelier d'écriture.