L'engagement de Léonce Malécot vu par sa fille Marie-Françoise
Marie-Françoise Chambon, vous avez découvert notre association à travers sa bière, la Léonce d’Armentières, que vous avez goûtée il y a maintenant deux ans…
L’Esat d’Armentières nous a envoyé de la bière il y a environ deux ans pour la première fois. Lorsque j’ai appris qu’un établissement produisait de la bière, j’ai été surprise. Puis j’ai trouvé l’idée très bonne. J’admire les personnes qui ont mis cela sur pied. Sortir les travailleurs de leur handicap avec une activité qui amène sûrement beaucoup de fierté, c’est une très bonne chose.
Vous avez donc goûté la Léonce, qu’en avez-vous pensé ?
Pour ne rien vous cacher, je ne suis pas une très grande amatrice de bière ! Mais, l’été, lorsqu’il fait chaud, j’apprécie d’en boire. C’est désaltérant !
Vous avez appris que la Léonce avait été médaillée lors du Concours général agricole, en marge du salon de l’agriculture…
Les travailleurs doivent être fiers. Mon père le serait, c’est certain. Il était préoccupé par le fait que l’on s’intéresse aux personnes en situation de handicap mental, que l’on fasse avancer ces enfants et les adultes qu’ils deviennent.
Votre père est à l’origine de la création des Papillons Blancs, en 1949. Pourriez-vous revenir sur son engagement ?
J’ai eu une petite sœur porteuse de trisomie 21, Anne-Marie. Mon père s’est tracassé de l’avenir de ces enfants en situation de handicap. Dès les années 1930, il était ennuyé qu’il n’y ait rien pour eux. Si les parents s’en occupaient, tant mieux. Si non, on ne savait pas ce qu’ils devenaient. Sa hantise était que rien n’existe pour eux. Il était convaincu qu’il fallait agir et, en tant que juriste, il pensait notamment à la protection et le respect de leurs droits.
Son engagement a donc démarré dans les années 1930.
Ma sœur Anne-Marie est née en 1937. Il a commencé à œuvrer à la fin des années 1930 puis, avec des amis, il a travaillé à la création d’une association à Paris. A partir de 1949 et jusqu’à sa mort, en 1959, il a travaillé pour faire grossir le mouvement, en banlieue parisienne et en province.
Votre sœur a-t-elle vécu avec vos parents toute sa vie ?
Oui, elle avait 22 ans lorsque mon père est décédé. Elle a ensuite vécu avec notre mère jusqu’à sa mort, en 1976. Lorsqu’elle est née, il n’existait rien. Mes parents ont commencé par créer une petite association. Dans les débuts, des enfants et parents se réunissaient une fois par semaine avec comme objectif l’éveil des enfants.
Le nom « papillons blancs » fait référence à la fragilité de l’enfance…
C’est mon père qui a trouvé le nom. Les papillons blancs représentaient à ses yeux des enfants fragiles qui peuvent manquer de concentration, qui papillonnent. La notion d’enfance est importante. La prise en compte des parents également. Mon père était attaché à l’idée d’offrir aux enfants en situation de handicap pour qui c’était possible des moyens de les faire progresser. Il est mort relativement jeune, à l’âge de 66 ans, et n’a pas pu faire tout ce qu’il envisageait mais il pensait à des lieux pour accueillir les enfants, à leur donner un statut et un but dans la vie.
L’engagement de votre père était-il un engagement familial ?
J’ai entendu mon père parler de son engagement puis des Papillons Blancs tout au long de mon enfance et de mon adolescence. Quand l’engagement a pris corps, toute la famille a été prise par le projet. Après mon adolescence, je me suis mariée et je n’ai pu continuer à aider. J’ai eu huit enfants. Mes engagements familiaux étaient importants.
Vous avez 91 ans et vivez aujourd’hui dans le pays natal de votre père…
Après avoir vécu la majeure partie de ma vie à Paris et en région parisienne, je me suis installée en Touraine avec mon mari, dans le pays de mon père. Je conserve quelques liens avec des associations de Papillons Blancs en région parisienne. J’ai également été en contact avec une association du Nord. Cela m’arrive de renseigner des personnes dans mon entourage. A chaque fois que je le peux, je pense aux Papillons Blancs.