Assistante familiale chevronnée, Nathalie Dealet accueille Léa* depuis 5 ans chez elle. Elle a le sentiment que les temps d’accueil-relais, proposés par l'IME Lelandais, lui permettent de « continuer le travail ».

Depuis 2020, l'IME Lelandais, à Villeneuve d'Ascq, développe une solution d'accueil-relais à destination d’enfants et adolescents confiés à l’Aide sociale à l’enfance. D'abord expérimental, ce dispositif a été pérénnisé fin 2023. Accueils au centre habitat et étayages éducatifs ont pour but de favoriser le répit des assistants familiaux, éventuellement les guider, et ainsi réduire les risques de rupture de parcours.

Chaque année, en parallèle des 35 enfants et adolescents accompagnés par le centre habitat, environ 25 sont accompagnés dans le cadre du dispositif d'accueil-relais. Certaines familles avancent en âge, d'autres sont isolées ou démunies face aux troubles du comportement. Les accueils soulagent les assistants familiaux... comme les enfants.

Pour Nathalie Dealet, ce dispositif a été salvateur. Assistante familiale depuis 18 ans, elle l'assure : c'est un métier qui « prend aux tripes ». Associé à une forme d'isolement, il peut aussi « mettre à mal » : « Les enfants nous donnent de l'amour, on en donne et on s'attache. C'est très prenant, valorisant mais cela peut aussi avoir des conséquences et prendre le dessus sur un équilibre familial », explique-t-elle. 

J’étais au bout du bout et je ne m’en rendais pas compte, je ne voyais plus rien.

Nathalie Dealet accueille Léa*, aujourd’hui âgée de 8 ans, depuis 5 ans. Les années passent et les difficultés s’installent. Le soir, il faut parfois plusieurs heures et de nombreux allers-retours pour que Léa trouve le sommeil, sans parler des réveils nocturnes. La journée, les crises s’enchainent, parfois accompagnées de comportements violents. Nathalie Dealet se sent « accaparée » par Léa et adapte tout à elle. « On ne peut pas sortir, faire des courses car on ne sait jamais comment cela va se terminer. »

Avec du recul, l’assistante familiale constate aujourd’hui qu’elle a « laissé [sa] vie de côté ». Elle a « la tête dans le guidon » lorsque l’équipe de l’IME qui accompagne Léa vient à son domicile. « Ils rencontraient des difficultés avec Léa et se demandaient comment je l’accompagnais chez moi. De mon côté, je voyais une forme de normalité dans tout ça.». Au fil des échanges, Nathalie Dealet prend conscience et exprime son épuisement. « J’étais au bout du bout et je ne m’en rendais pas compte, je ne voyais plus rien. ».

Un cheminement

Les professionnels présentent le dispositif d’accueil-relais à l’assistante familiale qui, d’emblée, n’adhère pas totalement à l’idée de confier Léa. « Elle est presque comme notre troisième fille. Et puis on nous confie des enfants qui portent de lourdes valises et sont ballotés de droite à gauche. Avec cet accueil-relais, elle allait encore passer d’un lieu de vie à un autre. M’occuper d’elle, c’est mon travail. ». Nathalie Dealet « chemine », rencontre l’équipe de l’IME Lelandais et finit par dire oui. « J’ai été obligée de lâcher prise. Il le fallait, pour moi et pour soulager ma famille. ».

Soulagement

En novembre, Léa découvre le centre habitat, à Villeneuve-d’Ascq, d’abord une journée puis un premier week-end. La séparation est difficile pour la petite fille comme pour l’assistante familiale qui, après plusieurs mois, a encore du mal à «  profiter »  de ces temps de répit. « Je ne suis pas encore apaisée. J’ai vécu dans un tel stress permanent qu’il me faudra du temps. Mais je ne suis plus sous pression et tout le monde respire à la maison. Cet accueil un week-end sur deux et quelques jours pendant les vacances, c’est une porte de sortie pour pouvoir continuer le travail.». Reconnaissante envers tous les professionnels qui accompagnent Léa, Nathalie Dealet a aujourd’hui le sentiment de ne plus avancer seule : « Je peux compter sur eux.».

*Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de l’enfant.

Pour aller plus loin

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